Une balade à travers les bibliothèques européennes de Paris
Connaissez-vous le réseau EUNIC ? Nous avons découvert son existence il y a peu de temps… L’European Union National Institutes for Culture regroupe des instituts culturels qui promeuvent les cultures et les langues nationales des pays de l’Union Européenne.
Le réseau a développé un certain nombre d’outils pour favoriser échanges et collaborations à travers le monde. Des clusters internes se sont également organisés, comme le Cluster EUNIC Paris. Au sein de celui-ci s’est formé le groupe de travail « bibliothèques – médiathèques » à Paris. D’ailleurs, nous vous avions déjà parlé du Centre Culturel Irlandais et de sa très belle bibliothèque patrimoniale. Aujourd’hui, nous allons un peu plus loin et nous vous proposons une balade au fil des bibliothèques européennes de Paris à retrouver sur notre carte !
La bibliothèque du Goethe Institut
Depuis 1957, le Goethe Institut est un pilier de la politique culturelle allemande à l’étranger. Il a pour objectif de promouvoir la langue allemande hors de ses frontières, notamment en France avec pas moins de 8 centres de rayonnement.
Située avenue Iéna, tout près du Musée national des arts asiatiques Guimet et du Palais de Tokyo, la bibliothèque du Goethe Institut à Paris est des plus modernes et agréables. Ici, on retrouve de nombreux documents en langue allemande, mais aussi en français, de tout genre et à l’axe contemporain : roman, culture, société, journaux, magazines, films, etc. Outre le prêt et la consultation habituelle, cette bibliothèque propose de nombreuses rencontres littéraires avec des auteurs. Un espace enfant est également proposé si vous voulez faire découvrir à vos bambins la culture allemande dès le plus jeune âge.
Les coups de coeur d’Aurélie Marquer, programmatrice littéraire
Avec Hors de soi (Grasset – 2019) la jeune dramaturge allemande d’origine russe, Sasha Marianna Salzmann, nous livre un premier roman magnifique, entre chronique familiale et roman de formation, et nous fait voyager à travers un siècle d’histoire, de Moscou à Berlin, en passant par Istanbul.
Un roman allemand qu’il faut absolument lire ? Brandenbourg de Juli Zeh (Actes Sud – 2017). Chaque chapitre est écrit du point de vue d’un des habitants du village d’Unterleuten dans le Brandebourg, qui se battent pour ou contre l’installation d’éoliennes. La structure originale, le suspens de l’intrigue et la finesse avec laquelle l’auteure décrit la psychologie et les stratégies des protagonistes, font de ce roman une vraie satire !
La bibliothèque Octavio Paz de l’Institut Cervantes
Depuis 1991, l’Institut Cervantes a pour objectif de promouvoir la langue espagnole et la culture hispanique à travers le monde. Outre ses cours spécialisés et diplômant et ses activités culturelles, c’est aussi avec sa bibliothèque que ce centre culturel diversifie ses propositions.
Parquet en bois vieilli et fresques au plafond, la bibliothèque de l’Institut Cervantes est un écrin patrimonial. Inaugurée en 1952, cette bibliothèque porte le nom d’Octavio Paz (1914-1998), poète, essayiste et diplomate mexicain qui a reçu le prix Nobel de littérature en 1990. À son ouverture, cette bibliothèque mettait à disposition des lecteurs les livres provenant justement de l’Exposition du livre espagnol qui a eu lieu la même année à Paris.
Les coups de coeur de Francisca Segura, directrice de la bibliothèque
Rosa Montero, La chaise, Trad. Myriam Chirousse, Éditions Metailié, 2017
Soledad engage un gigolo pour l’accompagner à l’opéra et rendre jaloux l’amant qui l’a quittée. Mais à la sortie un événement inattendu et violent bouleverse la situation et marque le début d’une relation trouble, volcanique et peut-être dangereuse. Elle a 60 ans, le jeune homme en a 32. Soledad se rebelle contre le destin avec rage, désespoir mais aussi avec humour. La Chaise est un roman audacieux et plein de surprises, qui nous parle du passage du temps, de la peur de la mort, de l’échec et de l’espoir, du besoin d’aimer et de l’heureuse tyrannie du sexe, de la vie comme un épisode fugace au cours duquel il faut dévorer ou être dévoré.
Rodrigo Fresán, La part rêvée, Trad. Isabelle Gugnon, Éditions du Seuil, 2019
Une mystérieuse fondation dédiée à la préservation des songes les plus extraordinaires, une ville où les librairies sont insomniaques et un écrivain qui, lui non plus, ne dort pas, et tente de retrouver un rêve d’enfance. Livre envoûtant et vertigineux, qui nous offre une clé des songes et des insomnies. Ce magnifique voyage au cœur des mécanismes secrets qui régissent les grandes oeuvres littéraires peut se lire aussi comme une autobiographie et un cri de révolte face à l’appauvrissement de l’écriture et de la lecture à l’ère numérique.
La bibliothèque du Forum Culturel Autrichien
Le Forum Culturel Autrichien se veut être la plateforme contemporaine privilégiée à Paris pour les échanges culturels et artistiques entre l’Autriche et la France. Ce centre a de très belles propositions : cinéma, théâtre, spectacle vivant, concert… ne manquez surtout pas ses actualités. Dans une salle lumineuse et calme du 7e arrondissement, sa bibliothèque compte plus de 30 000 ouvrages, à la fois en allemand et en français. Il y en a pour tous les goûts : littérature, art, histoire, film, magazine, etc. La bibliothèque est entièrement gratuite et ouverte à tous. C’est le lieu idéal pour travailler dans une atmosphère accueillante.
Les coups de coeur d’Alexandra Filippi, coordinatrice et responsable de la bibliothèque
Ulli Lust, Wie ich versuchte, ein guter Mensch zu werden – Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien, Ca et Là Eds, 2017.
A Vienne, dans les années 90, Ulli a un amoureux : Georg, plus âgé qu’elle, avec qui elle vit une symbiose parfaite. Il est comédien et leurs conversations sur leurs métiers respectifs sont passionnantes tandis que leur conception du monde sont très proches. Mais, voilà : quand la relation s’installe, Georg voit son désir sexuel diminuer. Et Ulli, du haut de ses 23 ans a une libido d’enfer…. Elle part donc en quête d’un amant, qu’elle trouve en la personne de Kimata.
Une BD très féministe et une ode à la liberté, avec des cases détaillées sur la relation sexuelle débridée d’Ulli et Kim. Une vraie réflexion sur la volonté d’arriver au bout de ses rêves : Ulli veut faire les beaux-arts, vivre de l’illustration et est prête à tout pour ça. En parallèle de sa vie amoureuse, c’est un autre fil rouge de cette BD qui ne se limite pas en nombre de pages.
Milena Michiko Flašar, La cravate (Ich nannte ihn Krawatte), Editions de l’olivier, 2013.
Il s’agit du premier roman de l’auteure autrichienne Milena Michiko Flašar, née de père autrichien et de mère japonaise – roman très maîtrisé, sur l’amertume et la reconnaissance. En courts paragraphes, elle saisit les ondes électriques et caressantes qui s’échangent entre deux individus un peu marginaux, à l’écart de la société. Sous sa plume introspective, les silences sont chargés de bienveillance, et les paroles porteuses d’une humanité rare.
La Cravate n’est pas seulement un livre sur le phénomène japonais du hikikomori (personne vivant coupé du monde, dans un état psychologique fragile) ; plus universellement c’est un roman consacré à la pression sociale, celle qui fait éclater les esprits et les êtres – sans militantisme, sans colère ; juste un roman sombre et léger.
La bibliothèque de l’Institut culturel italien
Fondé en 1949, l’ Institut culturel italien se situe dans le très bel hôtel particulier de Gallifet édifié au XVIIIe siècle. Originellement lieu de résidence du ministre de Napoléon, Charles-Maurice Talleyrand de Périgord, il accueille ensuite l’Ambassade d’Italie, avant de devenir le siège de l’Institut culturel italien.
Ce lieu chargé d’histoire a pour objectif de promouvoir, soutenir et développer, dans les domaines culturels et linguistiques, les rapports entre la France et l’Italie. En pénétrant dans la cour, vous serez surpris par l’atmosphère de quiétude qui y règne. Grâce à un beau jardin à l’abri de la rue passante, l’Institut culturel italien est un véritable cocon.
Aujourd’hui, la bibliothèque du centre porte le nom « Italo Calvino », en hommage au célèbre écrivain et philosophe du XXe siècle. Avec plus de 50 000 ouvrages couvrants tous les genres et domaines, la culture italienne ici est valorisée comme il se doit ! La bibliothèque possède deux salles de lecture à l’architecture magnifique faite d’imposants piliers en pierre ; c’est aussi le lieu de rencontres et débats littéraires.
La bibliothèque du Centre culturel tchèque
Depuis le début des années 1900, la rue Bonaparte du 6e arrondissement a vu s’installer plusieurs associations tchèques. C’est en 1916 que fut fondé le Conseil national tchèque avant que ne soit créé le Consulat de la République tchèque durant la Seconde Guerre Mondiale. Il faut attendre 1997 pour que s’ouvre au public le Centre culturel tchèque, au terme de grands travaux de reconstruction. Ce dernier a pour mission de présenter la culture tchèque en France sous toutes ses formes et par le biais de beaux événements : expositions, concerts, cinémas, conférences, soirées littéraires…
Avec son propre club de jazz à Paris et sa bibliothèque-médiathèque, nous n’avons pas pu encore découvrir ce lieu à l’histoire détonnante car il est en train de se refaire une beauté. Comptez sur nous pour vous faire un compte-rendu dès la fin des travaux.
La médiathèque de l’Institut hongrois
La médiathèque de l’Institut hongrois met en avant l’actualité et la littérature hongroise en France. Entre le marché du livre d’occasion hongrois, les masterclass musicales, ou encore les rally pédestres, nous sommes comblées par les activités proposées par cet institut. La médiathèque de l’Institut hongrois possède une variété importante de documents de tous types : art, essai, littérature jeunesse, magazine, histoire, etc.
Les coups de coeur de Gábor Orbán, responsable de la médiathèque
Verhovina d’Ádám Bodor, Les Oiseaux, Editions Cambourakis, 2016 , traduction par Sophie Aude.
Oscillant en permanence entre policier et fantastique, Ádám Bodor, un des maîtres de la littérature hongroise, crée une atmosphère unique, inquiétante et intemporelle. Tandis que se resserre un étrange étau, l’enfermement s’avère inextricable, laissant poindre l’ombre d’un passé dictatorial.
Sándor Márai, Dernier jour à Budapest, Edition Albin Michel, 2017 , Traduit par Catherine Fay.
Dernier jour à Budapest, publié en Hongrie en 1940, réunit de manière singulière deux virtuoses de la littérature hongroise du XXe siècle. Sándor Márai, l’auteur des Braises, y rend hommage à son maître, Gyula Krúdy, dandy ténébreux et personnage légendaire de la bohème littéraire de Budapest, surnommé ici Sindbad, comme le héros de plusieurs de ses nouvelles.
La bibliothèque – médiathèque du Centre Culturel Irlandais
Inauguré en 2002, le Centre Culturel Irlandais est installé dans le bâtiment historique du Collège des Irlandais, ancienne résidence de la communauté irlandaise à Paris dont les origines remontent à 1578.
Située à deux pas du Panthéon, le Centre Culturel Irlandais possède une médiathèque ouverte à tous et y conserve des documents de littérature, d’histoire de l’art mais aussi des films, des CD, etc, facilement accessibls et empruntables. Dernièrement, elle s’est même pourvue d’un espace café et thé pour les lecteurs assidus.
Par ailleurs, le Centre Culturel Irlandais possède également une bibliothèque patrimoniale à couper le souffle : sobre et élégante, elle offre un véritable voyage dans le temps jusqu’au XVIe siècle. Les 8000 ouvrages spécialisés en théologie, histoire, philosophie… qu’elle renferme sont de véritables chefs-d’oeuvre inestimables en latin, anglais, français et même en langue gaélique. Cette bibliothèque n’est pas libre d’accès, pensez à vous renseigner préalablement.
Les coups de coeur de Marion Mossu, chargée de ressources documentaires
John Boyne, Les fureurs invisibles du cœur, Edition JC Lattès, 2018, traduit par Sophie Aslanides.
Ce roman traverse l’Irlande des années 1940 à aujourd’hui à travers le destin de Cyril Avery. Une quête d’identité qui mêle émotion et humour acerbe. De nombreuses critiques élogieuses comparent ce roman au classique de John Irving, Le monde selon Garp.
A travers les champs bleus, de Claire Keegan, Edition Sabine Wespieser, 2012, traduit par Jacqueline Odin.
Claire Keegan prouve une nouvelle fois dans les huit nouvelles de ce livre qu’elle est une voix incontournable de la littérature irlandaise contemporaine.
© Ros Kavanagh
© Marielsa Niels
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