A la recherche des vestiges de la Galerie des Machines de 1878
De nombreux édifices construits pour les Expositions Universelles sont parvenus à échapper à une destruction programmée. Tout le monde connaît l’exemple de la Tour Eiffel car elle a pu rester in situ et a très vite acquis une renommée internationale, mais d’autres destins plus modestes sont restés dans l’ombre.
C’est le cas de celui de la Galerie des Machines, construite lors de l’Exposition Universelle de 1878 sur le Champ de Mars – c’est cette Exposition qui laissera le plus de témoignages en région parisienne.
© Louis Emmanuel Alexandre Quinet (1837-1900)
Exposition universelle de 1878 / Prime n°2 / Palais du Champ de Mars, façade principale – Phototypie, 17,5 x 24 cm
BnF, Estampes et Photographie, D.L. 1879, Va mat 75 boîte folio, VIIe arr.
Cette galerie se trouvait le long du Palais du Champ de Mars dont les neuf nefs ont été conçues par l’ingénieur Henri de Dion. Sa structure métallique pouvait être montée et démontée rapidement. Cette caractéristique explique que, dès 1851 avec le Crystal Palace de Londres, les galeries soient devenues un élément architectural incontournable des Expositions Universelles, véritables chantiers expérimentaux qui permettent de faire évoluer les métiers du bâtiment.
Ce bâtiment de 6m de haut et de 12m de large abritait le matériel agricole.
Il connaît aujourd’hui une nouvelle vie !
C’est dans le 19e arrondissement de Paris, qu’il faut mener l’enquête…
Le long du canal de l’Ourcq, se faisant face sur le quai de Loire et le quai de Seine, deux morceaux de la Galerie des Machines sont devenues des cinémas MK2 – après avoir hébergé un temps des activités industrielles et portuaires. Les pieds dans l’eau, enfin presque, nous pouvons profiter de leurs terrasses ombragées. Mais attention ! Si le bâtiment quai de Seine est d’origine, son jumeau a été détruit puis reconstruit en 2004 : ne vous y trompez pas, seules les colonnes en fonte sont d’époque…
Quelques rues plus loin, derrière une belle façade ouvragée de pierres et de briques, le gymnase Jean Jaurès est construit en 1888 par l’architecte Ernest Moreau grâce aux charpentes métalliques provenant de l’annexe de la grande Galerie des Machines. Depuis 1994, ce bâtiment est inscrit sur la liste des Monuments Historiques mais il est toujours possible d’y pratiquer une activité sportive !
La ballade continue de l’autre côté du périph.
Allons explorer la forêt de Meudon. C’est là qu’à la fin du XIXe siècle, le colonel Charles Renard fait remonter une autre partie de la Galerie des Machines. Il y installe l’Etablissement Central de l’Aérostation Militaire de Chalais-Meudon et y construit en 1884 un ballon dirigeable nommé « La France ».
Musée de l’Air de 1921 à 1977, atelier temporaire de Marc Chagall qui y travaille en 1964 pour y peindre le plafond de l’Opéra Garnier… Ce lieu riche en histoires est également classé Monument Historique en 2000 et a fait l’objet d’un important travail de restauration. Son aventure continue : un projet de Centre Européen des Ballons et Dirigeables y verra peut-être bientôt le jour.
© Hangar Y – Musée d’art et d’histoire de Meudon
La Galerie des Machines de l’Exposition Universelle de 1878 est donc un exemple emblématique de reconversion architecturale qui témoigne des multiples possibilités de requalification du patrimoine bâti.
Témoins du passé, ces vestiges participent paradoxalement à la construction de notre présent et accompagneront encore bien d’autres générations de cinéphiles, sportifs et curieux en tout genre…
MK2 Quai de Seine
7 quai de la Loire / 14 quai de la Seine, 75019 Paris
Métro 2, 5 & 7 – Stalingrad
Gymnase Jean Jaurès
87 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris
Métro 5 – Laumière
Hangar Y
9 Avenue de Trivaux, 92190 Meudon
RER C – Meudon-Val-Fleury