Le Musée du Parfum Fragonard

5 mars 2019

Le Musée du Parfum Fragonard se situe entre l’Opéra Garnier et la Madeleine, à l’abri des grands boulevards tumultueux, tout proche de la Place Édouard VII. Vous ne verrez pas de campagne publicitaire du musée ni de belles égéries pour les parfums Fragonard dans le métro parisien. Pourtant, ce lieu discret – à l’image de la marque – a tout d’un grand : histoire, fabrication, atelier olfactif, le parfum n’a plus de secret pour nous. Venez, on vous fait visiter !

 

 

Le Musée du Parfum Fragonard compte non moins de 3 établissements sur Paris. Pour cette nouvelle découverte, nous nous sommes rendues à celui dit d’ « Haussmann », mais il existe aussi celui des « Capucines » et celui de la « Rue Scribe ». Au XIXe siècle, ce très beau bâtiment faisait partie du Théâtre Athénée> avant de devenir un vélodrome très apprécié des parisiens et parisiennes. Imaginez-les enfourcher leur vélo et parcourir les pistes circulaires étendues sur plusieurs étages. En 1896, c’est la compagnie anglaise de meubles Maple & Co qui s’empare du lieu pour le transformer en show-room déco et mondain. Il faut alors attendre 2015 pour que l’industrie Fragonard en fasse un musée mais aussi une boutique de senteurs variées.

 


 

Fragonard est effectivement une des plus anciennes parfumeries, dont le plus vieux musée se trouve à Grasse, capitale mondiale du parfum. Fondée en 1926, cette maison familiale est l’idée d’Eugène Fuchs, notaire parisien amoureux de la peinture du célèbre artiste Jean-Honoré Fragonard. Aujourd’hui, la marque est dirigée par un trio de femmes, toutes trois sœurs et passionnées de parfums.

 

Qu’y a-t-il à découvrir au Musée du Parfum Fragonard ? Tellement de choses… Surtout si comme nous, vous êtes complètement novices en la matière. La visite débute au sous-sol, dans une belle pénombre, on arpente les allées en découvrant un étonnant cabinet de curiosités.

Saviez-vous, par exemple, qu’il était courant d’utiliser des substances animales (glande, ambre, etc) pour produire du parfum ? Désormais, pour des questions éthiques, les parfumeurs utilisent des essences synthétiques à la place.

 

Les fleurs des parfums Fragonard sont toujours cueillies à la main en raison de leur fragilité, sauf la lavande qui est une plante plus robuste. La violette, la rose de mai, le jasmin… Toutes ces fleurs aux superbes couleurs et aux senteurs enivrantes sont particulièrement choyées afin d’extraire au mieux leurs essences délicates.

Saviez-vous, par exemple, qu’il fallait au moins 6 ans pour extraire l’essence d’iris ? Située dans ses racines, il est nécessaire de procéder par hydro-distillation, une étape longue et fastidieuse qui explique son prix élevé (80 000€/Litre).

 

N’ayez crainte, les pétales de fleurs ne sont pas jetées après distillation, ils sont réutilisés en engrais pour les prochaines récoltes. Cela aurait été un terrible gâchis autrement !

 

Un parfumeur peut également être appelé un « nez ». Les plus expérimentés d’entre eux sont capables de reconnaître 3000 odeurs et notes olfactives. En France, il existe une quinzaine de nez à la renommée mondiale. Si vous êtes férus de parfums, d’odeurs et d’essences, l’École Supérieure du Parfum de Paris vous permettra d’obtenir un diplôme après une formation de 5 ans.

Il existe 3 types de notes, celles de tête, de cœur et de fond : les notes de tête sont les premières impressions que l’on a en sentant un parfum, elles sont plutôt aromatiques ou tournent autour des agrumes ; les notes de cœur donnent le thème du parfum. Elles peuvent être florales, fruitées, épicées, etc. Ces notes sont perceptibles sur la peau entre 3 et 4h ; les notes de fond vont être plutôt gourmandes, boisées ou orientales. Elles peuvent rester sur la peau jusqu’à 24h.

 



 

Le Musée du Parfum Fragonard possède également toute une section autour de l’histoire de l’usage de ces effluves, depuis l’antiquité avec l’utilisation des parfums durant les rites religieux égyptiens, à nos jours avec l’usage qu’on en connaît.

En passant par le Moyen-Âge où l’on associait la peste noire aux mauvaises odeurs, c’est à la fin de la Renaissance qu’apparaissent les premiers flacons précieux – qui étaient d’ailleurs plus chers que le contenu. Ces contenants prennent tour à tour diverses formes, parfois des plus originales. On vous conseille d’ailleurs la lecture du roman Le Parfum, écrit par Patrick Süskind, et qui relate l’emballement pour ces senteurs durant le XVIIIe siècle français.

Il faut attendre le XXe siècle, l’industrialisation du verre et l’intérêt des grandes maisons de couture, notamment Chanel, pour que le parfum se démocratise et devienne un « bijou » populaire.

 


 

Notre visite s’achève par une salle dans laquelle on s’essaie parfumeur ! Pas d’inquiétude pour vous, vu notre talent olfactif, nous allons continuer d’écrire des articles. Pour sortir du musée, petit passage par la très belle boutique Fragonard où il est difficile de résister. Vous pouvez vous permettre de craquer, la visite guidée du musée (en français ou en anglais) est gratuite pour tous.

 

 

Derniers petits conseils avant de courir au Musée du Parfum Fragonard, pensez à tenir vos parfums éloignés de la lumière, de la chaleur et de l’humidité. L’idéal est de les conserver dans une armoire ou un placard situé dans une chambre (jamais dans une salle de bain !). Enfin, si vous sentez plusieurs parfums tour à tour, le café permet de réinitialiser votre nez ;)

 
 

Musée du Parfum Fragonard
3-5 Square de l’Opéra-Louis Jouvet, 75009 Paris
Métro 3, 7 & 8 – Opéra
Entrée et visite guidée (toutes les 20 minutes) gratuites