Liberté Living-Lab
Le IIe arrondissement parisien s’est doté depuis mi-octobre 2016 d’un nouveau lieu de création et d’innovation technologique civique sociale : le Liberté Living-Lab.
C’est en 2015 que Marylène Vicari a imaginé le projet d’un lieu d’innovation collective responsable et ouvert sur la société. Ce projet a vu le jour à travers le « Player » et ses 400m2 dédiés à la promotion de la French-tech accueillant des talents aux profils variés : start-up, entrepreneurs sociaux, artistes numériques…
Déjà trop étroit, le Player a des ambitions qui dépassent son nombre de mètres carrés. Aujourd’hui, il n’existe plus mais son bâtiment est désormais rattaché au Liberté Living-Lab, nouveau concept, co-fondé par Marylène Vicari et Jérôme Richez, qui privilégient les enjeux de société tels que la démocratie, l’accès à l’emploi, la santé publique, l’environnement et l’éducation pour tous.
Le Liberté Living-Lab est un lieu pyramidal de 2 000 m2 situé au cœur du Sentier, quartier connu pour son économie du textile et qui opère sa mutation en accueillant les nouveaux acteurs de l’économie numérique.
Conçu sur 5 niveaux, le LLL peut accueillir entre 250 et 300 personnes. Alors que le rez-de-chaussée est un réel point d’effervescence bruyant, plus on grimpe dans les étages, plus on se recentre sur l’individu en raison d’un espace de méditation et d’une bibliothèque collaborative.
Tech for good
Comme nous l’a expliqué Rudy Cambier, chargé du développement du LLL, nous sommes dans un lieu ayant une double intention, entre innovation technologique et lien social et humain. La technologie et le numérique sont présentés ici comme des modes d’actions clés mais loin d’être une fin en soi. À cela s’ajoutent des enjeux de société urgents comme l’emploi, le travail, l’économie, l’éducation, la culture ou encore la politique.
Au contraire du SenseCube qui se présente comme un programme accélérateur de l’économie sociale et solidaire, le LLL s’attache à des problématiques macro impliquant des projets à grandes échelles. Les résidents accueillis ne sont ainsi pas seulement des start-ups mais aussi des ONG, des associations ou des grands groupes en transformation.
Des exemples de résidences
Bayes Impact est une ONG regroupant des idéalistes pragmatiques qui croient fermement que, si on les utilise correctement, les données peuvent contribuer à résoudre les plus grands problèmes mondiaux. Ils interviennent notamment dans la santé, le chômage et la justice. Dernièrement, ils ont lancé l’application Bob Emploi qui accompagne au quotidien les personnes en recherche d’emploi.
Fluicity est une stat-up « civic tech » qui a développé une plate-forme numérique qui met en relation les élus locaux et les citoyens, avec l’idée de créer un renouveau démocratique.
Outre un lieu d’innovation, Rudy Cambier insiste sur le fait que le LLL est avant tout un lieu de partage et d’expérimentation. L’idée principale est celle du laboratoire vivant inclusif. Un objectif qui s’entend comme un véritable challenge, comment être poreux avec tous les types de publics ?
À quoi servirait d’innover sans inclure ?
D’autres projets d’ouverture au grand public sont en préparation. Dernièrement, pendant les vacances de la Toussaint, des ateliers pour le jeune public ont été mis en place avec pour thème : « Quels supers pouvoirs pour hacker la ville ? ». Une semaine d’immersion, de découverte et de prototypage pour fabriquer, connecter, partager et raconter la ville de demain avec des makers, des performers, des artistes passionnés de data et des entrepreneurs spécialisés dans la fabrication numérique.
Photo de gauche : © Liberté Living-Lab
Le LLL n’est pas un lieu autocentré, au contraire il se veut ouvert sur l’extérieur et la rue grâce à de nombreuses initiatives. Même si vous n’êtes pas résidents, vous pouvez accéder au rez-de-chaussée et au sous-sol du bâtiment. À l’entrée du LLL, on découvre la cantine « healthy » développée en partenariat avec Maison Bastille pour manger sainement le temps d’un déjeuner.
Toujours au rez-de-chaussée, nous atteignons l’Agora, un espace polyvalent comprenant une scène modulable et même un piano. Tous les vendredis soirs, la scène est ouverte à une proposition culturelle ou musicale. L’idée de l’Agora est d’être un espace mouvant en permanence. Ce que l’on voit le matin ne sera peut-être pas ce qui sera visible le soir. Une attention toute particulière a été portée sur un mobilier ergonomique, aux lignes minimales, capable d’être modulé et pensé par un collectif de designers, Perron et Frères. Au sous-sol, une salle de cinéma de poche (30 places) se dissimule pour projeter des films selon les thématiques de la programmation en cours.
© Liberté Living-Lab
Les acteurs de demain
Dans les étages, les résidents français et internationaux peuvent s’installer à leur guise, selon leur méthode de travail. Le 1er étage se veut convivial, on l’appelle d’ailleurs le Foyer et il nous accueille avec des grandes tables en bois chaleureuses. Lieu multi-fonctionnel, on y déjeune, on y rencontre d’autres professionnels, on y organise des réunions informels… le tout dans une ambiance studieuse mais détendue. Tout près se trouvent des gradins où des mini-conférences sont menées dans un espace complètement ouvert sur le rez-de-chaussée.
Photo de gauche : © Liberté Living-Lab
Plus haut, trois étages sont mobilisés pour accueillir les start-ups, les grandes entreprises, les étudiants, les chercheurs, les artistes, les médias… Espaces de travail mais aussi ateliers créatifs, ces étages ont été pensés en termes d’ouverture. Tout est décloisonné et permet ainsi une grande circulation. Toutefois, des petites loges permettent de s’isoler de façon à pouvoir s’isoler et se recentrer.
Ne pensez plus à l’open space d’antan, ici l’espace est chaleureux, presque intimiste avec une décoration subtile qui est à l’initiative des résidents. Enfin, au 5e étage, chacun peut venir profiter d’un espace de relaxation où sieste et méditation sont au programme. Une bibliothèque collaborative a aussi été conçue et représente véritablement la mémoire bibliographique du lieu.
Ouvert aux grandes entreprises, aux acteurs publics ainsi qu’au grand public, le LLL est plus qu’un lieu d’innovation et veut s’imaginer comme un grand mouvement de société.
Liberté Living-Lab
9 rue d’Alexandrie, 75002 Paris