FAR Culture – l’accélérateur de projets culturels

16 octobre 2018

Depuis le 25 mai 2018, au coeur du 11e arrondissement parisien, a ouvert FAR Culture, le lieu où l’on accélère les projets culturels. Ne l’appelez pas « incubateur », FAR Culture et ses 2.600 mètres carrés accueillent 250 entrepreneurs cherchant à développer une centaine de projets autour des arts et de la culture. Pour comprendre comment a été imaginé ce projet et découvrir ses ambitions futures, nous avons posé quelques questions à Steven Hearn et Jean Arnaud, directeurs d’ingénierie et développement culturel chez FAR.

 

 

Quelle est la genèse de FAR ? Depuis quand l’idée d’une pépinière artistique a-t-elle germé et comment a-t-elle pu se concrétiser ?

FAR est né du constat que le monde de la culture vit actuellement de profondes mutations : le numérique est passé par là en modifiant considérablement les modes de production et de consommation de la culture ; les subventions, longtemps uniques pourvoyeuses de fonds dans ce secteur, se tarissent ; enfin, ce que l’on appelle désormais « les industries culturelles » se concentrent de plus en plus entre les mains de quelques-uns. Tout ceci alimente d’ailleurs un discours, parfois aux accents déclinistes, qui dit en résumé que la culture va mal.
Pourtant nous sommes convaincus qu’il n’y a jamais eu autant de culture et de porteurs de projets culturels : des artistes bien sûr, mais aussi des entrepreneurs, des associations, des villes, des départements, des grandes entreprises, etc. 

FAR est né de l’observation des mutations de la culture et la volonté de créer un lieu dédié à cette émergence. Ce lieu est pensé comme un outil à destination de cette nouvelle génération de porteurs de projets culturels : agile et responsable, entreprenante et connectée. On s’y retrouve, on s’aide, on teste, on rate, on partage, on apprend et on re-fait.

Pour mettre en place cela, nous avons réuni des acteurs reconnus dans le secteur et dans celui de l’accompagnement de projets culturels : l’agence le troisième pôle, l’incubateur d’entreprises culturelles Créatis, la plateforme de crowdfunding KissKissBankBank, l’association Arty Farty qui organise à Lyon le festival des Nuits Sonores, Illusion & Macadam, spécialiste des formations dans les métiers de la culture et enfin la coopérative SMart qui accompagne des artistes depuis de nombreuses années. Enfin le Groupe SOS, acteur majeur du monde de l’économie sociale qui s’est ouvert, avec le Groupe Scintillo, à la culture récemment et pilote le projet. Tous ne sont pas résidents à FAR mais tous contribuent à l’animation du lieu.

 

 

Nous avons ouvert en mai 2018 avec une très belle fête. Nous sommes désormais plus de 250 dans la maison. Nous sommes encore en train de bricoler la décoration et d’ajuster plein de choses. Mais déjà nous recevons quotidiennement à FAR des gens qui souhaitent faire avancer leur projet, demandent des conseils, suivent des masterclass, ou veulent juste partager avec quelqu’un l’idée qu’ils ont derrière la tête. Le but du jeu est de les accueillir et de les orienter du mieux possible au sein de la communauté que nous accueillons. Pas toujours facile. Mais passionnant.

Nous avons-nous même été étonné du grand nombre de demandes que nous recevons. Nous avons donc décidé de mettre en place prochainement un cycle de formation « de l’idée au projet » qui devrait voir le jour début 2019.

 

Pourquoi le choix d’un incubateur spécialisé dans la culture et les arts ?

FAR n’est pas à proprement parler un incubateur. En revanche, il en accueille un, à savoir Créatis qui incube des entreprises culturelles depuis 6 ans. Créatis met en place des programmes d’accompagnement ultra pointus pour ceux qui viennent de monter une boîte dans le secteur culturel et qui souhaitent être accompagnés dans les premiers mois d’activité, grâce à des mentors et de la mise en réseau.

C’est le premier incubateur d’entreprise orienté culture à Paris et peut-être en France. En 2012, il y avait une grosse carence en la matière. Ceux qui montaient des start-up dans le secteur de la musique, du spectacle vivant, des médias, n’avaient alors aucune structure vers laquelle se tourner. A l’époque, il y avait déjà quelques incubateurs à Paris, mais rien pour les projets culturels. Or on n’accompagne pas de la même manière un label de musique ou un projet d’application de recommandations culturelles et une start-up de panneau solaire.

 

 

Quels sont les types de profils installés chez FAR ? Sur quels critères les projets sont-ils sélectionnés pour intégrer l’accélérateur de projets culturels ?

Le principal critère est humain. Et pour préciser : nous souhaitons que chaque résident à FAR puisse être une ressource pour son voisin dans une logique d’écosystème global, de mutualisation et de réciprocité. Ensuite vient la nature de l’activité, là où elle en est, là où elle veut aller et comment on peut l’aider à se développer. La culture de demain est collective.

Evidemment le but du jeu est que les résidents évoluent dans le secteur culturel. Par conséquent, nous pouvons avoir des profils variés qui va de l’artiste au journaliste à l’association sur le spectacle vivant en passant l’avocat spécialisé en propriété intellectuelle ou encore une plateforme de gestion de billetterie pour les producteurs de spectacles, comme Pims.io. L’incubateur Créatis a des critères plus précis encore du fait qu’il s’adresse à des entreprises culturelles constituées : solidité de l’équipe, qualité de l’innovation d’usage ou technologique proposée par exemple.

Au final, nous avons plein de profils très différents mais délibérément complémentaires. Nous accueillerons même un chercheur en résidence l’année prochaine en partenariat avec Google.

 

Quel est le niveau de soutien de l’incubateur Créatic ? Quel est le type d’accompagnement que FAR propose plus largement ?

FAR accueille les programmes thématiques de son incubateur Créatis : Programme Nouveaux médias, programme Made in France… Le lieu est connecté à l’incubateur Réalité Virtuelle via Commune Image et au Créatis qui opère l’Incubateur du patrimoine du Centre des Musées Nationaux.

Dans les semaines à venir nous allons mettre en place un programme événementiel ouvert au public, qui sera composé de débats autour des mutations culturelles et des réflexions autour de la culture, son rapport au numérique et ses enjeux sociaux et de masterclass, workshop, qui auront pour but d’aider à l’élaboration d’un projet culturel tel que des témoignages, des cas pratiques sur les différentes modes de financement…

Ce que nous développons ici peut s’apparenter à un comptoir de services et d’orientation. C’est le début de l’accompagnement, les premiers pas. Ce comptoir permet à chaque résident d’être suivi par des professionnels spécialisés dans leur domaine.

 

 

Après 3 mois d’existence, quelles tendances d’innovation se dégagent selon vous ?

Difficile à dire avec aussi peu de recul. Mais il est clair que les tendances se portent sur l’exploration des technologies immersives (réalité virtuelle, augmentée ou mixtes) et surtout d’intelligence artificielle (IA). Nous avons par exemple à Créatis la startup Ask Mona qui crée des chatbots à destination des amateurs d’arts et de culture.

 

Quels conseils pourriez-vous donner à ceux qui souhaiteraient se lancer dans une aventure entrepreneuriale, notamment artistique ?

Venir à FAR ! On exagère à peine, mais notre programmation d’événements est autant une manière de faire découvrir des innovations dans le secteur culturel ou de réfléchir avec des acteurs du secteur, qu’une manière de rencontrer un maximum de gens. Et ce que nous pouvons recommander à celui qui se lance dans une aventure entrepreneuriale, c’est avant tout d’en parler à plein de gens, en commençant par nous !

 

Parmi les projets incubés chez FAR actuellement, quels sont vos coups de coeur personnels ?

Sincèrement, ils sont tous nos coups de cœur. C’est précisément pour cela qu’ils sont à FAR. Venez les rencontrer !