François-Xavier Trancart, co-fondateur et directeur général d’Artsper

25 août 2014

Artsper est une start-up, fondée en 2013 à Paris par deux jeunes lillois, Hugo Mulliez et François-Xavier Trancart. Le concept est simple : vendre en ligne des œuvres d’art contemporain sélectionnées par des galeries partenaires. Nous avons rencontré François-Xavier Trancart afin d’en savoir plus sur cet ambitieux projet.

 
Hugo Mulliez & François-Xavier Trancart

© Artsper

 

Hugo et François-Xavier ont tous deux fait leur étudie à EDHEC Business School, le premier s’est spécialisé en finance tandis que le second était plutôt attiré par le marketing. « Finalement, nous avons fait la même école sans jamais nous croiser durant nos études. Par un concours de circonstance et des relations communes, nous avons fini par nous rencontrer et par parler d’Artsper, un projet qu’Hugo avait en tête depuis un certain moment. »

 

à gauche : Bernard Pras, Dali, 2012 / à droite : Eugène Bégarat, Pink kimono, 2014 © Artsper

 

Naissance d’un projet original

François-Xavier le reconnaît humblement, c’est Hugo qui possède la paternité du projet Artsper. Tout a débuté en septembre 2012, les deux jeunes compères se sont alors donnés 6 mois pour monter leur site web de vente en ligne.

Pendant ce temps, l’idée était de construire la notoriété de leur nouvelle marque en partant à la conquête d’un premier public et en se créant un réseau de galeries partenaires. Ainsi, Artsper était déjà présent sur les réseaux sociaux et communiquait via un webzine.

François-Xavier s’est occupé d’écrire les articles sur le blog et de faire vivre les réseaux sociaux pendant qu’Hugo se chargeait de la partie « commerciale » d’Artsper. Petit à petit, ils se sont très bien entendus professionnellement, leur profil étant complémentaires : une collaboration très naturelle en somme.

Au départ, Artsper était vraiment un site pour « eux », avec comme idée le développement – sans pression – d’un projet qui leur appartenait et leur ressemblait. « C’était un pari, nous n’avions rien à perdre ! Peu de gens pensaient qu’on allait réellement réussir au regard de notre âge. »

 

à gauche : Bernard Pras, Dali, 2012 / à droite : Eugène Bégarat, Pink kimono, 2014 © Artsper

 

Les Enjeux

Justement, leur jeunesse est toujours un peu surprenante pour leurs partenaires. « Nous étions seulement deux petits jeunes motivés avec plein d’idées. Sans venir du milieu artistique, nous nous sentions un peu complexés au départ par cette méconnaissance ». Pour autant, ce sont des passionnés d’art contemporain. Et c’est peut-être cette différence qui leur a permis de  s’acquitter des codes du marché de l’art et de d’imposer leurs propres règles de fonctionnement afin d’appréhender différemment l’art contemporain. Finalement, quoi de mieux que d’être sa propre cible de marché ?

Le plus difficile a été d’obtenir les 25 premières galeries partenaires, puis au fur et à mesure tout un réseau s’est construit. « Pendant 5 à 7 mois, nous avons passé beaucoup de temps à construire notre image, à gagner en sérieux et à rassurer nos potentiels futurs partenaires. »

Convaincre certains galeristes de mettre leur prix sur internet relevait de l’impossible il y a encore 1 an. D’autres refusaient de s’afficher sur Artsper tant qu’il y aurait écrit « ajouter au panier » à coté d’une de leurs œuvres. Aujourd’hui, ces obstacles n’existent plus et c’est une fierté pour ces deux entrepreneurs d’avoir pu contribuer à ce premier changement de mentalité.

En Europe, à l’instar des Etats-Unis, il n’y avait aucun site web qui donnait accès au marché de l’art. Il existe certes des annuaires, mais seul Artsper regroupe autant d’informations et d’œuvres sur une même plateforme tout en permettant de les acquérir.

Rapidement, Hugo et François-Xavier se sont rendu compte que les gens n’étaient pas indifférents à leur démarche. Artsper s’est annoncé comme une plateforme de valorisation artistique et de vente en ligne dans un univers où les galeries sont en majorité sous digitalisées.

« A partir de ce constat, nous avons cherché le bon positionnement: rendre visible les galeries d’art de taille moyenne et démocratiser l’art contemporain en offrant un choix et une accessibilité comme nulle part ailleurs. L’art doit appartenir à chacun. Quoi qu’on en dise, le monde des galeries d’art est encore très élitiste – même s’il ne le veut pas de prime abord – et nous cherchons à favoriser cet accès à tous ces gens qui n’osent pas pousser la porte des galeries.

 

Nos valeurs : Partager – Promouvoir – Décomplexer

– Présenter aux amateurs d’art contemporain de nouvelles oeuvres d’art et de nouveaux artistes contemporains avec un maximum d’informations. A quoi bon disposer d’oeuvres d’art chez soi si l’on n’a pas les clés pour les décrypter ?

– Participer à la promotion d’artistes émergents en exposant leurs meilleures oeuvres d’art à un large public.

– Rendre l’expérience d’utilisation et la navigation sur son site la plus agréable et la plus intuitive possible. Chaque membre de la communauté Artsper doit être en mesure de s’approprier le site, les oeuvres et les galeries virtuelles représentées.

Acheter une oeuvre d’art sur Artsper c’est parier sur l’avenir d’un artiste!

 
Artsper

© Artsper

 

 

Le défi de l’auto-entrepreneuriat

Le succès est arrivé au fur et à mesure jusqu’en janvier 2014 où les choses ont sérieusement commencées à s’emballer. Il fallait faire un choix : soit rester dans leur schéma initial, soit passer à la vitesse supérieure et réfléchir à une nouvelle stratégie de développement.

Naturellement, Hugo et François-Xavier ont décidé d’assumer le fait d’aller jusqu’au bout de leur projet. ils ont procédé à une levée de fonds et créé une réelle équipe. Depuis, ces deux associés ont gagné en ambitions.« Notre plus grande force a été de ne pas nous mettre de pression dès le départ. Nous ne nous sommes absolument pas limités dans nos idées, nous avons testé beaucoup de choses dont certaines ont été sans succès mais nous n’avons jamais baissé les bras. »

Artsper regroupe à la fois des petites galeries, des galeries de taille moyenne et d’autre plus commerciales. Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 225 galeries qui sont référencées sur le site. C’est un partenariat à double sens : il faut que ces galeries ajoutent régulièrement des œuvres sur le site et proposent une variété tarifaire.

Effectivement, la fourchette de prix est assez large sur Artsper : de 30€ à 120 000€, tout en sachant qu’un tiers de ces œuvres sont à moins de 1500€. Il est très important pour Artsper de rééquilibrer le prix des œuvres proposées car le public touché est celui qui s’aventure faire sa 1ère acquisition d’œuvre d’art.

 

 

Mars 2013 : 300 œuvres en ligne – Juillet 2014 : 4000 oeuvres en ligne

Alors d’où vient cette soif d’entreprendre ? Leur philosophe se fonde, en partie, sur le livre The Lean Startup: How Today’s Entrepreneurs Use Continuous Innovation to Create Radically Successful Businesses, d’Eric Ries: Hugo et François-Xavier testent sans cesse de nouvelles idées de développement, et si elles ne fonctionnent pas, ils passent tout simplement et rapidement à autre chose.

Mais si elles s’avèrent opportunes, ils apprennent à les développer, avant de confier leur gestion à un tiers et continuer à innover autour de leur projet. Ils ont naturellement procédé sur ce schéma : prospection des galeries, partenariats avec les foires, développement des réseaux sociaux, etc. Il faut savoir déléguer pour pouvoir aller encore plus loin.

Et aujourd’hui ?  Hugo et François-Xavier ont procédé à une levée de fonds. « Une fois obtenue, nous sommes arrivés à un autre niveau de responsabilités où nous avons des investisseurs et des comptes à rendre.>

Cette adrénaline est très stimulante. Je nous revoie encore étudiant et je n’aurai jamais imaginé être à ma place actuelle. Même si Artsper devait cesser d’exister, c’est une expérience qui restera très enrichissante, autant d’un point de vue personnel que professionnel. Nous avons fait beaucoup de rencontres et réalisé que nous avions encore beaucoup à apprendre. »